Folle Nuit pour un Meurtre - Episode 9 - Le Newscript de Bertrand
6 novembre 2016 7 06 /11 /novembre /2016 13:18

 

 

 

William Ellroy avait tout du provocateur. Arrogant et insolent de surplus. Allongé sur son lit, il leva à peine les yeux quand Harry Midwall pénétra dans sa chambre.

« Je suis…

-Je sais. Vous êtes le sergeant Midwall. Je n’ai pas arrêté d’entendre parler de vous en cuisine. Le moins que l’on puisse dire, c’est que vous leur avez fait une forte impression. Je pense que vous voulez me poser des questions sur la mort du vieux. C’est bien pour cela que vous êtes venu me voir, non ? Allez-y, je n’ai rien à cacher.

-Où étiez-vous quand votre père est mort, vers huit heures ?

-Je ne sais pas. Dans ma chambre, je présume.

-Vous présumez ?

-Je n’ai pas l’œil collé sur ma montre ! Je me suis un peu baladé dans le manoir. Je suis resté un moment dans la bibliothèque, à la recherche d’un livre.

-Lequel ?

-Je ne vous suis pas.

-Quel livre avez-vous cherché ?

-Un livre d’Edgar Allan Poe. Le…le Triomphe d’un taxidermiste. Et je suis remonté dans ma chambre.

-Quels rapports entreteniez-vous avec votre père ?

-Avec mon vieux ? Il me détestait, je le détestais. C’est aussi simple que cela. Son mariage avec ma folle de belle-mère n’a rien arrangé. Si vous voulez mon avis, c’était une véritable erreur de se marier avec elle.

-Parce que c’est une arriviste ?

-Vous me semblez parfaitement au courant, Commissaire. C’est une profiteuse. Je suis sûr qu’elle a épousé mon père pour l’argent.

-Pourtant, son argent vous a été toujours bien utile. Il vous a sorti d’affaire à chaque fois, je crois.

-Cela n’a rien à voir, Sergeant Mid…den1*.

-Midwall.

-Sergeant Midwall, il tenait trop à l’honneur de la famille.

-A mon avis, c’est à ce sujet qu’il vous a fait venir dans son bureau.

-Vous êtes au courant de cela, aussi. J’ai eu droit à une leçon de morale. Toujours la même. Avant d’être dépensé, l’argent doit être gagné honnêtement. Honnêtement ! Faites-moi rire ! Le vieux était un véritable requin en affaire. Aucune pitié. Mais croyez-moi, je n’ai pas tué le vieux.

-Etiez-vous au courant qu’il voulait vous déshériter ?

-Je savais qu’il avait fait un testament, mais je ne savais pas que j’en étais le bénéficiaire, encore moins qu’il voulait me déshériter. Et au profit de qui ?

-Je ne saurais vous le dire. Il s’agissait d’une lettre à son notaire mais il n’a pas spécifié le nouveau bénéficiaire.

-Je suis sûr que… »

 

*

 

Le majordome interrompit la discussion. Il déclara : « M.le Commissaire, vous êtes demandé au téléphone par la police de Bodmin. »

« Midw…ici…Wyatt…mauvaise nouvelle…impossible d’amener…renforts

-Ecoutez, Wyatt…Wyatt, vous m’entendez ? »

Les grésillements et les coupures rendaient la discussion plus que difficile. Midwall ne savait pas quelle manière utiliser bien se faire comprendre. Il se résigna à répéter jusqu’à en recevoir l’écho.

-Vous m’enten… ?

-Oui, je…entends…coupures…Devrez…sans nous…désolé…entendez…déso… »

Un cri éclata au premier étage suivi de ce qui semblait être un appel au secours.

 

*

 

Il ne fallut pas longtemps à Midwall pour comprendre qu’un nouveau drame venait de se produire. Il raccrocha le téléphone et se précipita vers l’escalier, maudissant cette nuit sans fin.

Atteignant la dernière marche, il se figea, déconcerté.

« Ce n’est pas possible ! Qu’est-ce que… 

-Mais que se passe-t-il ? Que se passe-t-il ? Dites-le moi ! »

La voix autoritaire d’une femme âgée résonnait dans le couloir, entrecoupée par des coups de canne intempestifs.

Midwall, préoccupé, n’y fit pas attention.

Un corps était allongé sur le sol dans une posture étrange. Une femme aux yeux écarquillés remplis d’effroi. Les marques qu’elle portait sur le cou suggéraient une mort par strangulation. Sa tenue soignée et ses cheveux blancs permanentés n’évoquaient pas une domestique.

On se croirait dans un mauvais roman, songea le policier.

« On ne peut jamais être tranquille ici ! Ce n’est pas possible, s’exclama William Ellroy sortant de sa chambre. Qu’est-ce-que vous …. Nous voilà bien ! Encore un mort ! Cette maison est maudite ; ce ne sont pas des fantômes qui hantent les lieux mais des cadavres. Quelle farce ! Tiens, mais c’est cette vieille peau de nourrice ! Bon débarras ! »

Sifflotant, il fit demi-tour et claqua sa porte derrière lui.

 

 

1* Tas de fumier

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commentaires

K
bravo pour la suite ! bonne journée
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M
Pauvre nourrice !
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